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D’Alan Kurdi à Denko Sissoko, les ravages mortels d’une politique migratoire inhumaine

Photo Denko.jpg

Communiqué de presse du lundi 9 janvier 2017
 
D’Alan Kurdi à Denko Sissoko, les ravages mortels d’une politique migratoire inhumaine
 
Tout le monde a dans les yeux le petit corps d’Alan sur une plage de Turquie le 2 septembre 2015. Vendredi 6 janvier 2017, c’est à Châlons-en-Champagne, sur le bitume du trottoir, au pied du foyer Bellevue, foyer d’accueil des Mineurs Isolés Etrangers, que le corps sans vie du jeune Denko âgé de 16 ans, a été ramassé. Selon ses amis, il venait de se jeter du 8ème étage pour échapper à la police dont il pensait qu’elle venait le chercher.
 
L’un était Syrien, l’autre Malien. Leurs points communs ? C’étaient des enfants qui avaient fui un pays dans lequel ils n’avaient pas d’avenir pour vivre en sécurité ici au terme d’un voyage difficile. Tous deux viennent grossir le nombre des victimes innocentes de la politique migratoire inhumaine orchestrée par les institutions de notre pays et de notre continent. 
 
Il était arrivé en France en octobre 2016, après un voyage long et périlleux en partance du Mali en passant par la Libye et l’Italie ; il aimait rire, bavarder, écouter de la musique africaine. Il a attendu 1 an et demi en Italie de réunir l’argent nécessaire pour rejoindre la France. C’était son vœu. Hélas ! Il a encore attendu 2 mois et demi à Châlons dans les services de la protection de l’enfance qu’on l’évalue puis qu’on lui signifie que sa minorité n’était pas reconnue et qu’il ne serait pas pris en charge. Il l’avait appris la veille. Ne sachant pas où aller, il n’aurait pas voulu quitter le foyer. Dans ces cas-là, la police est sollicitée…
 
Ses camarades sont formels : Denko n’était pas malade, ni drogué, ni fou. Son geste n’est pas celui d’un dépressif. Ce n’était pas non plus un criminel, ni un malfrat, il n’avait rien à se reprocher. Il s’est jeté du 8ème parce que, comme un jeune de 16 ans, moralement très structuré et qui a, en outre, assimilé l’impératif et la mission de réussir en France, il n’aurait pas supporté l’idée humiliante qu’on vienne l’arrêter et le mettre en prison.
 
Ce drame met en lumière la tragédie que vivent ces jeunes étrangers livrés au tamis de l’évaluation et de la pression institutionnelle, maltraités, suspectés, dénigrés, parce que la France ne veut pas les accueillir. L’Etat se dédouane de ses responsabilités, les conseils départementaux trient et rejettent par souci d’économies budgétaires. Les jeunes se retrouvent à la rue, errent de ville en ville, sans avenir, et ils en meurent. Et même quand ils sont pris en charge, l’accompagnement est insuffisant, la suspicion continue et l’angoisse du lendemain n’est jamais levée tout à fait. L’Etat et le Conseil Départemental sont coupables de non-assistance à jeunesse en danger.
 
Ils espéraient d’autres horizons. Nous espérons pour eux d’autres perspectives, ils ont franchi des mers et leur maturité, leur courage, leur volonté de vivre ici, sont déjà un cadeau pour la France !
 
L’heure est à la peine pour tous ces jeunes venus d’ailleurs qui ont assisté au drame, et nous partageons leur deuil. Mercredi 11 janvier aura lieu une marche silencieuse en hommage à celui que tout le monde appelait Sissoko. Le rendez-vous est fixé à 15 heures, rue Carnot, devant le conseil départemental de la Marne. Nous invitons tous ceux qui ne se résignent pas à ce que la politique migratoire tue des enfants à nous rejoindre.
 
 
RESF Châlons-en-Champagne
(contact presse : Marie-Pierre BARRIERE 06 79 50 29 87 / Catherine TANGUY 07 76 79 45 10)

Commentaires

  • triste, en colère, j'en suis malade!! quand vont-ils comprendre qu'un étranger c'est un ami que l'on ne connait pas encore !!!
    la France pays de " la déclaration des Droits de l"Homme !!!!"
    je pense à sa famille, il était si jeune mes très sincères condoléances

  • Mais quel est ce pays où moi, je vis!
    J'ai honte, honte de vivre dans un pays où l on à bien voulu croire que c est celui des droits de l'Homme!
    Que ce jeune homme si beau, si courageux repose enfin en paix.

  • Je suis bouleversée par ce geste terrible, mais je réagis aussi en tant que Conseillère départementale de Meurthe et Moselle. Ne mettez pas tous les Conseils départementaux dans le même sac, ici nous prenons grand soin des jeunes mineurs isolés tout autant que de ceux qui sont majeurs. On ne jette pas les jeunes dehors quand on sait leur parcours, on en prend soin.

  • Réponse à Sylvie Crunchant, Conseillère départementale de Meurthe et Moselle:
    Nous, militants de RESF-54, avons été quelque peu étonnés en vous lisant.
    Les jeunes qui sont accueillis par le CD de Meurthe et Moselle sont certainement bien traités. Le CD fait certainement ce qu'il faut pour eux.
    Mais quand nous avons lu :"On ne jette pas les jeunes dehors...", nous nous n'avons pas compris.
    En effet, cela fait quelques années que RESF-54 "récupère" des mineurs dont la minorité est soudain contestée par le CD, et qui sont tout simplement mis à la rue. Avec l'aide d'avocats et après plusieurs mois de procédure aboutissant parfois à la confirmation de leur minorité, certains ont été réintégrés dans le dispositif d'accueil pour mineurs.
    Plusieurs mois d'économies pour le CD.
    Ces derniers 3 mois, nous avons "récupéré" 3 jeunes mineurs.
    Mais que se passe-t-il avec les mineurs virés qui ne nous connaissent pas et ne savent pas à qui s'adresser quand ils se retrouvent à la rue ?
    Vous ne le saviez peut-être pas, mais si, Madame Crunchant, on jette des jeunes dehors en Meurthe et Moselle.

  • tout ça est tellement terrible .. dans quel monde vivons nous ?
    moi je souffre terriblement de la prise de position , des injures et du racisme de certains de mes compatriotes
    je ne comprends pas non plus le comportement des autorités ..

  • Denko à Chalon-en-Champagne... je salue ta mémoire, ton courage, tes terreurs, ton désespoir... Ici, à Evreux, dans l'Eure, tes petits frères de misère subissent le même sort, d'où qu'ils viennent, quoi qu'ils aient vécu, subi! Les responsables de ce qui devrait être "l'aide sociale à l'enfance" sont à la solde d' idées et politiques xenophobes et ségrégationnistes: les MIE (mineurs isolés étrangers) sont systématiquement suspectés, soumis à évaluation par des personnes incompétentes et persuadées qu'il n'y a pas de place pour eux ici. Ces enfants sont transformés en "majeurs", au faciès ( trop baraqué, trop "mature", trop confus, pas assez précis, etc.) et au passage à la radiographie de leur poignet (échantillon de référence: années 50, population américaine, marge d'erreur +ou- 2 années). Les documents d'état civil dont ils sont porteurs sont quasi systématiquement suspectes d'être des faux. Ils sont parfois "accueillis" en foyers, en familles d'accueil ou parqués dans des hôtels de série B... dans l'attente de réunir les arguments (pas les preuves!) qui convaincront le procureur de cautionner la fin de leur accueil et la contestation de leur statut de mineur. Tout cela dans le dos des juges des enfants qui ne sont la plupart du temps pas saisis!
    Parfois, une simple entrevue de quelques minutes avec le jeune suffit à un(e) "Marvell" du Conseil départemental pour statuer sur le sort de l'enfant "qui a marché jusqu'a nous" et de le renvoyer à la rue, sans rien d'autre qu'un "JE N'AI PAS DE PLACE" ou, pire et plus criminel encore, avec un bon pour un billet SNCF aller-simple vers Paris... "C'est une façon de lui donner sa chance".

    Denko s'est défenestré. Bambo est parti vers les montagnes, désespéré, désemparé, alors que nous avions réussi à faire venir de son pays les documents qui prouvent qu'il a bien 16 ans et non 19 comme l'indique le résultat de la radio osseuse qu'on l'a contraint à passer. Bambo est perdu, analphabète, influençable et victime sur toute la ligne qu'il a suivie de son pays d'origine aux rues glaciales du royaume des Droits de l'Homme.
    Il est désormais à nouveau en errance et j'accuse le Conseil Départemental de l'Eure d'être coupable de préférence nationale, à travers les directives mises en œuvre par les services de l'ASE, et des risques que court actuellement cet enfant (comme tant d'autres que nous ne connaîtrons jamais) qui a marché jusqu'à nous pour peut-être finir comme Denko.
    Honte aux responsables concernés. Aucun argument ne peut contrebalancer le Droit absolu d'un enfant à la protection, la sécurité, la bienveillance, l'éducation, la formation, la vie.
    Pour pérenniser cette politique que vous affirmez effrontément "assumer", il faudra nous passer sur le corps et nous transpercer le coeur.

  • Vous m'avez fait pleurer c'est tellement bien écrit
    Que peut on faire .Pour ma part j habite àla frontiere de
    Geneve?

  • Je suis tout à fait d'avoir avec la plupart de ce que vous avez dit. Mais j'aimerais remettre certaines choses dans leur contexte. Tout d'abord que l'âme de ce jeune repose en paix.
    Je suis de l'Afrique de l'Ouest. Je vais vous parler globalement des pays d'Afrique de l'Ouest. En plus, j'ai travaillé pendant un an dans un service où l'on évaluait les jeunes. Pour commencer, je pense que les évaluations doivent être faites par des personnes qui ont une très bonne maîtrise des cultures et coutumes des pays dont la plupart des jeunes sont originaires car il y a une énorme disparité en la France et les pays africains. Cela est rassurant pour le jeune et permet de le mettre en confiance même si ce n'est pas toujours le cas.
    Nous sommes tous quelque part militant et ne pouvons accepter que des enfants soient mis à la rue quelque soit leur origine et leur nationalité. Par contre, ne nous voilons pas la face non plus. Il y a des majeurs qui se font passés pour des mineurs et c'est une réalité or le rôle de l'aide sociale à l'enfance n'est pas de protéger des majeurs. Par contre, c'est par dépit que certains majeurs se fassent passer pour des mineurs car seule solution pour pouvoir bénéficier d'une prise en charge et d'une aide. Ici, je ne parlerai que des confidences qui m'ont été faites par des personnes que j'ai reçu en entretien.Pour ce qui est des documents d'identité, sachez qu'un extrait de naissance malien coûte environ 15 euros et une carte nationale d'identité environ 20 euros lorsqu'on souhaite les obtenir de façon illégale. Sachez une chose et c'est très important: les jeunes du Senegal, de la Guinée, de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso et du Mali n'arrivent pas du tout par hasard en France. La plupart même ceux qui n'ont pu être scolarisé par leurs parents diront qu'ils ont quitté leur pays pour venir en France pour étudier et disent aussi qu'ils n'ont informé aucun membre de leur famille. Expliquez moi comment un jeune dont les parents ne sont pas en mesure de l'inscrire dans une école en Afrique trouve les moyens de payer des passeurs pour venir en Europe, alors qu'il n'a jamais travaillé? Mais attention, cela ne fait pas de lui un majeur. Pour les pays que j'ai cité, la réalité c'est que les voyages sont organisés par la famille, ils ont des proches en France qui leur mettent dans la tête que s'ils disent qu'il connaisse quelqu'un, ils ne seront jamais pris en charge ce qui est complètement faux. La loi est claire: toute personne mineure qui n'a pas de référent parental sur le sol français doit être protégée. Vous avez parlé de faciès. C'est une réalité mais là encore soyons pragmatique. Qui peut faire la différence entre un jeune de 16 ans et un jeune de 20-22 ans voir même 23. C'est très difficile voire impossible. Dans ce type de cas, la loi est claire encore une fois; le doute doit profiter au mineur donc il doit être pris en charge. Par contre quand on a la trentaine ou presque, c'est difficile de se faire passer pour un adolescent de 15-16 ans et ça se voit au faciès qu'on le veuille ou non. J'inverse le problème. essayez à 45 ans d'aller vous faire passer pour une personne qui en a 65 et qui veut toucher une pension retraite et vous verrez. Il y a aussi des personnes manifestement mineures c'est à dire que juste en les regardant on voit tout de suite qu'ils sont très jeunes. Dans la cadre de mon ancien travail, j'ai ecrit des rapports où j'ai même noté que certains faisaient physiquement plus jeune que leur âge, ce qui ne choque personne mais quand on écrit l'inverse, c'est bizarre les gens sont outrés. J'ai aussi écrit que des parcours étaient incohérents mais que la personne était tout de même mineur et devait être protégée. Même ceux qui viennent par voie aérienne avec un visa disent qu'ils sont venus par la mer car c'est ceux qu'on leur met dans la tête. On leur fait croire que plus l’histoire est douloureuse mieux ça passe. Lorsque vous avez un jeune qui vous dit qu'il est parti en Libye seul sans pouvoir vous citer une seule ville de son trajet et que de la Libye il a rejoint l'Espagne par la mer, il y a un problème car de la Libye c'est en Italie qu'on arrive. Les premiers responsables de cette situation déplorable des jeunes sont leurs proches et leurs parents et vous devez le savoir. Je me répète, le jeunes de l'Afrique de l'Ouest ont tous des proches en France et les voyages sont organisés. Beaucoup de jeunes se sont confiés à moi et nous sommes d'accord sur une chose, ils sont en très grande souffrance mineurs comme majeurs. Leurs proches et leurs parents leur font miroiter un avenir meilleur, un pays où tout est à porter de main et ils se retrouvent dans des situations infernales. Nous les africains qui nous rendont en vacances dans nos pays, nous sommes aussi responsables car au lieu de dire ce que nous vivons içi, nous sommes dans l'extravagante totale une fois au pays, ce qui fait des envieux alors que nous vivons dans des conditions difficiles içi. Il y a ceux aussi qui font croire à des voisins ou à des proches qu'ils peuvent accueillir quelqu'un alors qu'ils sont entassés dans un studio. Donc les parents s'endettent, paient un passeur qui fait prendre tous les risques au jeune et une fois sur place, le pauvre tombe de haut parce qu'il ne pouvait pas imaginer que le monsieur qui frimait au pays dans les grosses voitures n'a même pas un toit en France et c'est ça le drame. Toutes ces personnes, mineurs comme majeures sont d'abord victimes des mensonges des proches, des connaissances et de la famille. Vous devez vous demander pourquoi elles ne retournent pas chez elle. La réponse est simple: en Afrique de l'Ouest et dans beaucoup d'autres pays c'est une grande humiliation pour la famille et tu seras toujours pointé du doigt comme un vaurien.
    Moi j'ai arrêté ce travail car très difficile humainement de supporter leur détresse, leur vulnérabilité qu'ils soient mineurs ou majeurs. Et sachez que les majeurs qui se font passer pour des mineurs, ce n'est pas de gaieté de coeur, ils en souffrent énormément et disent qu'ils ont essayé tous les moyens pour s’intégrer, qu'ils ont été trompés et trahi puis que cette solution c'est leur dernier recours. Combien de personnes se sont effondrés dans mon bureau? Combien de mineurs les adultes ont laissé à quelques mètres de notre local en leur demandant de s'y rendre et de dire qu'ils sont à la rue? Combien de jeunes m'ont dit qu'ils auraient préféré resté dans leur pays plutôt que de ce retrouver dans cette situation? Ceux qui les font venir en leur promettant une vie faite que de bonheur sont les premiers responsables. Aujourd'hui on parle de DENKO (paix à son âme) car il a pu rejoindre la France. Sachez que c'est tous les jours que les jeunes meurent en méditerranée entre la Libye et l'Italie. Les proches et les parents sacrifient la vie de leurs enfants pour pas grand chose et cela me fend le coeur.
    Je vous rejoins aussi sur le fait que la prise en charge des mineurs isolés étrangers est purement politique car il y a d’énormes divergences entre les départements. Le meilleur département c'est l'Isère qui assure une vraie prise en charge. Quant au Bas Rhin, au Haut Rhin et le Var, faut mieux dire au jeune de trouver une autre solution plutôt que de s'y rendre car le lendemain de son arrivée, il est à la rue. C'est pareil à Bordeaux chez Monsieur JUPPE.
    Un grand merci à tous ceux qui se battent pour aider les mineurs et les majeurs en détresse dans ce pays.
    Je n'ai pas marqué volontairement le département pour lequel j'ai travaillé car j'y occupe un autre poste mais pas en protection de l'enfance.

  • J'ai oublié de vous citer des exemples concrets sur les documents. Certaines erreurs flagrantes apparaissent parfois sur les documents et les enfoncent malheureusement:
    - Date de naissance: le 31 Avril
    - Né le 14 février 2000 mais la naissance a été declarée et enregistrée le 10 Février 2000
    - J'ai quitté mon pays avec les documents que je vous présente mais quand on regarde les dates, on se rend compte qu'ils ont été fait après le départ du pays
    - Je suis le 3ème enfant d'une famille de 5. La mère est née en 1990 et le jeune en question en 2001. Sa mère l'a eu quand elle avait 11 ans mais attention il a deux grands frères et il dit que sa mère est très âgée.
    - Dis avoir fait lui même l'extrait de naissance dans une ville qu'il nomme mais l'extrait a été fait dans une autre ville d'une autre région.

    Ces personnes sont malheureusement victimes des conneries des adultes, des proches et de la famille. Tant que nous les africains nous ne diront pas la vérité à nos frères et sœurs qui sont au pays les drames continueront parce que la plupart des départements se foutent complètement des mineurs isolés étrangers car la préférence nationale est indéniable....

    Je tiens vraiment à remercier les bénévoles de RESF qui luttent au quotidien pour que les mineurs étrangers soient pris en charge au même titre que les mineurs français car il est vrai que des départements mettent à la rue des mineurs étrangers. C'est une réalité indéniable. J'ai même à titre personnel fait intervenir RESF sur le cas d'un jeune qui avait été déclaré mineur mais que le département voulait mettre à la rue. Il est revenu me voir un an et demi après avec un titre de séjour d'une année. Je n'ai pas pu retenir mes larmes de joie....

  • Je me demande bien ce qu'ont pu lui raconter les gens bien intentionnés qui l'aidaient pour qu'il en vienne à se jeter du 8ème étage. Accuser l'Etat est une chose, mais les médiateurs ne doivent-ils pas s'interroger sur leur rôle ?

  • Bonjour Patrice,
    Nous n'avons rien pu raconter à Denko SISSOKO, dans la mesure où il n'a jamais pris contact avec nous. S'il l'avait fait, peut-être serait-il encore vivant aujourd'hui !

  • Savez-vous où vont se tenir les funérailles de Denko ? Sa famille a-t-elle besoin d'une aide financière, dans le cas où elle souhaiterait faire revenir son corps au Mali ? Ou bien reposera-t-il dans la terre de France, qu'il avait tant voulu rejoindre...?
    Je réside aussi loin de Châlons-en-Champagne mais je suis prête à apporter l'aide qui sera dans mes moyens.

  • Merci pour lui !!

  • Toutes mes pensées pour Denko, lui qui est venu , après un difficile parcours, dans le pays des droits de l'Homme, pour chercher un avenir sécurisé, de l'aide, du soutien.
    Les institutions administratives de France sont parfois inhumaines.
    Faisant partie d'une Association -collectif d'accueil pour réfugiés, j'ai appris a découvrir la dure réalité des parcours administratifs pour les personnes, seules, en couple, famille pour obtenir l'acceptation par nos institutions de leur reconnaissance en tant qu'humain et non pas comme des statistiques ou "objets de manipulation" à des fins politiques.
    Les moments partagés avec les personnes réfugiées sont des moments uniques, très riches en émotions.......
    Notre Pays, la France, s'est construit et reconstruit au fur et à mesure des siècles grâce à la venue de personnes de différents pays.
    La non assistance à personnes en danger surtout envers les plus jeunes, les enfants, est une atteinte aux Droits de l'Homme ??

  • On croit parfois habiter la "terre des hommes" et trop souvent, on découvre que c'est un enfer pour " ceux qui ne sont pas nés là où il fallait". Quel gâchis! quand on sait l'immense force et tout l'amour qu'il faut pour faire un seul enfant, pour le faire grandir... alors les mots sont impuissants. il faut se battre, partout, pour changer ce monde...

  • Je suis tout à fait d'avoir avec la plupart de ce qui a été dit. Mais j'aimerais remettre certaines choses dans leur contexte. Tout d'abord que l'âme de ce jeune repose en paix.
    Je suis de l'Afrique de l'Ouest. Je vais vous parler globalement des pays d'Afrique de l'Ouest. En plus, j'ai travaillé pendant un an dans un service où l'on évaluait les jeunes. Pour commencer, je pense que les évaluations doivent être faites par des personnes qui ont une très bonne maîtrise des cultures et coutumes des pays dont la plupart des jeunes sont originaires car il y a une énorme disparité en la France et les pays africains. Cela est rassurant pour le jeune et permet de le mettre en confiance même si ce n'est pas toujours le cas.
    Nous sommes tous quelque part militant et ne pouvons accepter que des enfants soient mis à la rue quelque soit leur origine et leur nationalité. Par contre, ne nous voilons pas la face non plus. Il y a des majeurs qui se font passés pour des mineurs et c'est une réalité or le rôle de l'aide sociale à l'enfance n'est pas de protéger des majeurs. Par contre, c'est par dépit que certains majeurs se fassent passer pour des mineurs car seule solution pour pouvoir bénéficier d'une prise en charge et d'une aide. Ici, je ne parlerai que des confidences qui m'ont été faites par des personnes que j'ai reçu en entretien.Pour ce qui est des documents d'identité, sachez qu'un extrait de naissance malien coûte environ 15 euros et une carte nationale d'identité environ 20 euros lorsqu'on souhaite les obtenir de façon illégale. Sachez une chose et c'est très important: les jeunes du Senegal, de la Guinée, de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso et du Mali n'arrivent pas du tout par hasard en France. La plupart même ceux qui n'ont pu être scolarisé par leurs parents diront qu'ils ont quitté leur pays pour venir en France pour étudier et disent aussi qu'ils n'ont informé aucun membre de leur famille. Expliquez moi comment un jeune dont les parents ne sont pas en mesure de l'inscrire dans une école en Afrique trouve les moyens de payer des passeurs pour venir en Europe, alors qu'il n'a jamais travaillé? Mais attention, cela ne fait pas de lui un majeur. Pour les pays que j'ai cité, la réalité c'est que les voyages sont organisés par la famille, ils ont des proches en France qui leur mettent dans la tête que s'ils disent qu'il connaisse quelqu'un, ils ne seront jamais pris en charge ce qui est complètement faux. La loi est claire: toute personne mineure qui n'a pas de référent parental sur le sol français doit être protégée. Vous avez parlé de faciès. C'est une réalité mais là encore soyons pragmatique. Qui peut faire la différence entre un jeune de 16 ans et un jeune de 20-22 ans voir même 23. C'est très difficile voire impossible. Dans ce type de cas, la loi est claire encore une fois; le doute doit profiter au mineur donc il doit être pris en charge. Par contre quand on a la trentaine ou presque, c'est difficile de se faire passer pour un adolescent de 15-16 ans et ça se voit au faciès qu'on le veuille ou non. J'inverse le problème. essayez à 45 ans d'aller vous faire passer pour une personne qui en a 65 et qui veut toucher une pension retraite et vous verrez. Il y a aussi des personnes manifestement mineures c'est à dire que juste en les regardant on voit tout de suite qu'ils sont très jeunes. Dans la cadre de mon ancien travail, j'ai ecrit des rapports où j'ai même noté que certains faisaient physiquement plus jeune que leur âge, ce qui ne choque personne mais quand on écrit l'inverse, c'est bizarre les gens sont outrés. J'ai aussi écrit que des parcours étaient incohérents mais que la personne était tout de même mineur et devait être protégée. Même ceux qui viennent par voie aérienne avec un visa disent qu'ils sont venus par la mer car c'est ceux qu'on leur met dans la tête. On leur fait croire que plus l’histoire est douloureuse mieux ça passe. Lorsque vous avez un jeune qui vous dit qu'il est parti en Libye seul sans pouvoir vous citer une seule ville de son trajet et que de la Libye il a rejoint l'Espagne par la mer, il y a un problème car de la Libye c'est en Italie qu'on arrive. Les premiers responsables de cette situation déplorable des jeunes sont leurs proches et leurs parents et vous devez le savoir. Je me répète, le jeunes de l'Afrique de l'Ouest ont tous des proches en France et les voyages sont organisés. Beaucoup de jeunes se sont confiés à moi et nous sommes d'accord sur une chose, ils sont en très grande souffrance mineurs comme majeurs. Leurs proches et leurs parents leur font miroiter un avenir meilleur, un pays où tout est à porter de main et ils se retrouvent dans des situations infernales. Nous les africains qui nous rendont en vacances dans nos pays, nous sommes aussi responsables car au lieu de dire ce que nous vivons içi, nous sommes dans l'extravagante totale une fois au pays, ce qui fait des envieux alors que nous vivons dans des conditions difficiles içi. Il y a ceux aussi qui font croire à des voisins ou à des proches qu'ils peuvent accueillir quelqu'un alors qu'ils sont entassés dans un studio. Donc les parents s'endettent, paient un passeur qui fait prendre tous les risques au jeune et une fois sur place, le pauvre tombe de haut parce qu'il ne pouvait pas imaginer que le monsieur qui frimait au pays dans les grosses voitures n'a même pas un toit en France et c'est ça le drame. Toutes ces personnes, mineurs comme majeures sont d'abord victimes des mensonges des proches, des connaissances et de la famille. Vous devez vous demander pourquoi elles ne retournent pas chez elle. La réponse est simple: en Afrique de l'Ouest et dans beaucoup d'autres pays c'est une grande humiliation pour la famille et tu seras toujours pointé du doigt comme un vaurien.
    Moi j'ai arrêté ce travail car très difficile humainement de supporter leur détresse, leur vulnérabilité qu'ils soient mineurs ou majeurs. Et sachez que les majeurs qui se font passer pour des mineurs, ce n'est pas de gaieté de coeur, ils en souffrent énormément et disent qu'ils ont essayé tous les moyens pour s’intégrer, qu'ils ont été trompés et trahi puis que cette solution c'est leur dernier recours. Combien de personnes se sont effondrés dans mon bureau? Combien de mineurs les adultes ont laissé à quelques mètres de notre local en leur demandant de s'y rendre et de dire qu'ils sont à la rue? Combien de jeunes m'ont dit qu'ils auraient préféré resté dans leur pays plutôt que de ce retrouver dans cette situation? Ceux qui les font venir en leur promettant une vie faite que de bonheur sont les premiers responsables. Aujourd'hui on parle de DENKO (paix à son âme) car il a pu rejoindre la France. Sachez que c'est tous les jours que les jeunes meurent en méditerranée entre la Libye et l'Italie. Les proches et les parents sacrifient la vie de leurs enfants pour pas grand chose et cela me fend le coeur.
    Je vous rejoins aussi sur le fait que la prise en charge des mineurs isolés étrangers est purement politique car il y a d’énormes divergences entre les départements. Le meilleur département c'est l'Isère qui assure une vraie prise en charge. Quant au Bas Rhin, au Haut Rhin et le Var, faut mieux dire au jeune de trouver une autre solution plutôt que de s'y rendre car le lendemain de son arrivée, il est à la rue. C'est pareil à Bordeaux chez Monsieur JUPPE.
    Un grand merci à tous ceux qui se battent pour aider les mineurs et les majeurs en détresse dans ce pays.
    Je n'ai pas marqué volontairement le département pour lequel j'ai travaillé car j'y occupe un autre poste mais pas en protection de l'enfance.

  • Voici la réponse que j'ai reçue ce matin de la part de l'adjoint au maire de Châlons-en-Champagne pour la citoyenneté :

    Objet : Funérailles du jeune Denko Sissoko.

    Madame,
    Vous avez pris contact avec l'Espace Citoyen de la ville de Châlons-en-Champagne le 11 janvier 2017 concernant le sujet cité en objet.
    Je suis sensible à votre démarche de solidarité. Je vous informe toutefois qu'aucun proche ou membre de la famille n'a pris contact avec nos services. En conséquence, et conformément à la législation en vigueur, c'est la commune de décès qui se chargera des funérailles.
    La Ville de Châlons-en-Champagne va donc mandater un opérateur funéraire afin d'organiser l'inhumation du défunt en terrain commun. Sa sépulture sera identifiée à l'aide d'une plaque d'identité.
    L'Espace citoyen de Châlons-en-Champagne est à votre disposition 24h/24 sur : chalonsenchampagne.fr , ou au 03 26 69 38 38 du lundi au vendredi de 9h à 17h.
    Je vous prie de croire, Madame, à l'assurance de mes sincères salutations.
    Pour le Maire,
    L'Adjoint Délégué Augustin DELAVENNE.

  • Merci beaucoup Anne-Sophie pour l'enquête que vous avez menée. J'ai interrogé à mon tour M. Delavenne, car le Département a au départ précisé aux jeunes par la voix des éducateurs qu'il prendrait en charge le rapatriement du corps de Denko. M. Delavenne m'a répondu qu'il se renseignait et me tenait au courant. Si les obsèques ont lieu à Châlons, nous pourrons aider à les organiser, bien sûr. Il faut faire les choses correctement pour cet enfant, maintenant.

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